septembre 2023

Notre apprenti Ali obtient son CFC d’installateur sanitaire : chronique d’un parcours méritant

Réfugié afghan meurtri par le déracinement, accueilli sur notre sol sans ressources et sans la moindre compréhension du français, Ali Mohammadi a saisi la chance qui lui était donnée de faire un apprentissage. Quatre ans après, il empoche son CFC d’installateur sanitaire. Bravo !

Difficile d’imaginer les efforts fournis par Ali pour réussir une formation aussi sérieuse que le CFC. À première vue, c’est un jeune homme de 24 ans plein d’énergie et de confiance en l’avenir, comme tant d’autres. La réalité est plus sévère : Ali n’a pas eu une vie facile en Afghanistan et son arrivée en Suisse s’est accompagnée du poids de l’éloignement familial, des traumas, de la difficulté à créer un cercle d’amis, à dialoguer et à s’adapter.
Parrainé, il a dû acquérir les rudiments de la langue française en moins de 8 mois, pour se diriger ensuite vers le métier de cuisinier. Mais, la mayonnaise n’a pas pris.
C’est au terme d’un stage de 2 semaines chez TROGER et suite à la proposition de Serge von Siebenthal de l’intégrer et de le former, qu’il relève le défi du CFC.
Qu’est-ce qui a motivé son choix ? Ali nous répond spontanément : « je suis une personne manuelle, dynamique, qui apprécie le travail sur le terrain. L’expérience de ces deux semaines ayant été très positive, j’ai pensé que ce métier me correspondrait ».

Une formation elle-même en évolution
La législation suisse encadre les métiers du bâtiment en conformité avec les objectifs environnementaux fixés par la Confédération.
Il est intéressant de noter qu’Ali, bien que conscient des enjeux écologiques et des normes en vigueur, s’inscrive encore modestement dans cette dimension, alors que les acteurs du secteur développent leurs processus durables et leur engagement collectif. Le temps du marché et le temps de la formation ne sont pas toujours alignés. C’est donc au sein de notre entreprise que nous poursuivrons sa sensibilisation sur ces sujets cruciaux pour l‘avenir du monde.
Sur la question de ce qui lui plaît le plus au quotidien, Ali évoque l’atmosphère générale au sein de l’entreprise, et la camaraderie caractérisant l’artisanat.
Bien sûr, durant son apprentissage, il s’est parfois senti un peu seul, en raison de sa difficulté à exprimer ce qu’il ressentait et à cerner certains aspects de notre culture. Mais le soutien de son mentor Florent Bénet lui a apporté une assistance précieuse pour mener le double apprentissage de la langue et du métier.
La perception d’Ali sur ce que représente TROGER est empreinte de son propre parcours : « TROGER est une structure importante où l’on dispose de tout ce dont on a besoin. Il suffit de le demander pour obtenir du matériel et travailler dans d’excellentes conditions; la répartition école/entreprise m’a également aidé à progresser. Mes difficultés en français m’ont amené à redoubler ma 3e année, ce qui m’a beaucoup affecté. Mais, j’ai conservé ma motivation et j’ai intensifié mes efforts pour réussir cette année ».

Et l’avenir ?
CFC en poche, Ali se voit bien rester chez TROGER : « Je suis conscient de ma chance d’avoir pu intégrer TROGER, chez qui j’ai pu apprendre un métier qui me plait, mais aussi m’intégrer dans le pays. Je tiens à remercier celles et ceux qui m’ont apporté leur soutien et leur confiance. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour leur démontrer quel bon professionnel je suis devenu grâce à eux, tout en continuant à évoluer au sein de la société ».
La Suisse, qu’il considère désormais comme son deuxième pays, lui offre un cadre favorable pour construire son projet de vie. Les derniers mots de l’interview sont pour sa famille : « Mon destin est ici, maintenant. Je pense beaucoup aux miens, aux difficultés qu’ils traversent, tout comme le peuple afghan. Je rêve d’un monde où l’ensemble des jeunes générations pourrait bénéficier d’un système de formation de qualité identique à celui de la Suisse ».