Serge von Siebenthal : « La nature, c’est notre nature »

Lorsqu’en 2022, Diébédo Francis Kéré*, architecte militant burkinabé de 56 ans reçut le prestigieux prix Pritzker, la journaliste au Monde Isabelle Régnier déclara : « En ces temps de désastre climatique où l’architecture est plus que jamais sommée de se convertir à une nouvelle forme de sobriété, le couronnement de Kéré a une valeur symbolique ».  

Confrontés à la nécessité de gagner leur vie et développer leur entreprise, les professionnels de la construction oublient parfois qu’en effet, Ils ont la chance de travailler dans un secteur accompagnant aussi intimement les enjeux environnementaux du siècle et l’évolution législative qui en résulte.

Il en est de même pour les spécialistes suisses de la gestion de l’eau, ressource faisant l’objet d’un plan d’action fédéral. Ce texte fournit aux cantons des bases pratiques dans l’identification des régions exposées à un risque de pénurie d’eau, la réalisation de nouveaux scénarios hydrologiques, l’évaluation de la capacité de rétention d’eau des lacs naturels et artificiels, l’utilisation efficace et ciblée de l’eau en fonction des réserves disponibles, etc.

Pour notre entreprise, se dessinent ainsi un contrat social informel et l’opportunité de se développer dans l’exploitation intelligente de l’eau, par l’innovation technique, la recherche de solutions pérennes et évolutives, la préférence donnée aux matériaux écologiques, et une culture interne motivée par la responsabilité sociétale et environnementale.

Avant que les gouvernements n’en viennent à renchérir l’or bleu pour provoquer les consciences tant industrielles que domestiques, nous devons envisager l’eau dans une perspective de délestage plutôt que d’abondance, afin de trouver collectivement une voie médiane dans sa consommation. Certes, notre pays peut compter sur sa grande réserve hydrologique, mais au train où vont les choses, voir c’est savoir, et savoir c’est prévoir comme l’a dit Alexandre Dumas.
Du chemin reste néanmoins à faire pour atteindre cet idéal que les budgets et délais imposés, mais aussi les résistances au changement freinent encore trop souvent. Mais nous tenons-là un cap enthousiasmant, parce que vertueux, qui concerne l’avenir immédiat de notre activité.

Les jeunes générations de professionnels ne s’y tromperont pas. Ce fameux « sens » si souvent revendiqué face à la crainte de carrières sans saveur leur est offert par le combat à mener pour notre sublime planète. Nous encourageons la jeunesse à s’intéresser au métier de technicien ou d’installateur sanitaire, car les savoir-faire manuels vont sans aucun doute recouvrer une grande valeur ajoutée face à la dépréciation des activités tertiaires concurrencées par l’intelligence artificielle.

Si l’adage veut que rien ne se passe jamais comme prévu, nous avons néanmoins d’intéressantes certitudes avec la construction durable. Il aurait été préférable que tout cela s’inscrive dans un cheminement préventif, mais ce serait trop demander au genre humain ; les entreprises du bâtiment agiront donc face à l’urgence, mais avec l’immense satisfaction d’apporter leur pierre à l’édifice environnemental.

Serge von Siebenthal
Directeur Général

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