octobre 2019

Interview de Pascal Fornara, maître d’enseignement professionnel au Centre de Formation Professionnelle Construction (CFPC)

Riche d’une longue expérience à la tête de son entreprise, Pascal Fornara se consacre aujourd’hui à la formation des futurs installateurs sanitaires en leur apportant sa passion du métier et en les préparant avec soin à la vie active. Cinq questions posées à cet homme pour qui la transmission du savoir est un devoir :

Vous étiez ancien chef d’entreprise. Comment êtes-vous arrivé à l’enseignement ?
C’est après de nombreuses années d’entrepreneuriat que je me suis tourné vers l’enseignement. Je me réalise pleinement dans ma mission de transmission du savoir. « On n’enseigne pas ce que l’on sait ou ce que l’on croit savoir : on enseigne et on ne peut enseigner que ce que l’on est. », disait Jean Jaurès. Je trouve vraiment passionnant d’accompagner les élèves dans l’acquisition des connaissances nécessaires à leur future pratique. Aujourd’hui, les entreprises formatrices, dont Troger SA, encadrent 30 apprentis par an, en moyenne. Ce n’est sans doute pas assez pour les besoins du marché, surtout à Genève.

Comment enseigne-t-on en 2019 ?
Nous privilégions un apprentissage global, qui aborde toutes les matières auxquelles les élèves seront confrontés dans la vie réelle. L’enseignement classique actuel, avec ses horaires continus, se heurte aux difficultés de concentration grandissante des nouvelles générations. Pour ma part, je mets tout en œuvre pour susciter l’intérêt de mes élèves, afin que l’acquisition des connaissances soit naturelle. Je capitalise sur la durée du cursus pour transmettre un programme complet.

Quel est le profil de vos élèves ?
Il n’est pas rare que les candidats se présentent un peu « par défaut », sans ambition particulière, et c’est durant l’apprentissage que leur motivation se forme. C’est une première victoire pour moi, car je sais tout l’intérêt de notre profession, des satisfactions et des potentiels qu’elle leur apportera. Certains élèves, attirés par la technique, sont des transfuges de l’école de commerce ou de culture générale, où le programme purement théorique ne leur a pas convenu. D’autres sont déjà actifs dans la branche et souhaitent valider leurs acquis pour augmenter leur salaire, ou passer à la Maîtrise.

Quelles sont les modalités d’apprentissage ?
La formation d’installateur sanitaire se fait sur 3 ans pour le dual. Elle équivaut à un BEP+ en France. Elle est donc relativement spécialisée et exigeante. Il y a un examen d’entrée, qui donne souvent des résultats mitigés, en particulier au niveau de la logique et du français. Nous recrutons cependant les candidats avec une certaine tolérance, sachant que nous pourrons les mettre à niveau très rapidement, une fois engagés dans leur programme.

Comment envisagez-vous l’avenir de l’enseignement dans votre branche ?
Le métier d’installateur sanitaire n’est pas assez valorisé, alors qu’il possède un fort potentiel de débouchés. Nous avons notre part de responsabilité et devons-nous aussi nous réinventer dans nos méthodes d’apprentissage, face à l’évolution de la technologie digitale et des aspirations sociétales de la jeunesse contemporaine.
Nous devons notamment intégrer en temps réel les nouvelles technologies qui prospèrent dans notre secteur. Avec les ordonnances 2020, nos logiques de formation sont en pleine réforme. Tout le corps enseignant les attend avec impatience afin de dynamiser la filière et former d’excellents professionnels.