novembre 2020

Suzanne Mader, secrétaire générale de l’ASL : « Le Léman est en période de convalescence »

Depuis sa création en 1980, l’ASL (Association pour la Sauvegarde du Léman) mène des actions afin de préserver la qualité des eaux du bassin lémanique ainsi que sa biodiversité. Sensible à la question environnementale, Troger a rencontré Suzanne Mader, secrétaire générale de l’ASL.

Troger. Comment est née l’association ?
Suzanne Mader. L’ASL a été fondée en 1980 par des biologistes spécialisés dans les problématiques liées à la qualité de l’eau. Parmi eux figurait déjà Jean-Bernard Lachavanne, qui est toujours président de l’association. À l’époque, leur cible était les phosphates, des substances polluantes contenues notamment dans les lessives. En sensibilisant les fabricants, mais aussi les instances gouvernementales, ces scientifiques sont parvenus à faire interdire les phosphates dans les lessives, d’abord en Suisse, en 1986, puis en France, en 2007. Depuis sa création, l’ASL milite également pour l’amélioration du réseau d’assainissement.

Quelles sont ses actions sur le terrain ?
Notre action la plus connue est « Net’Léman ». Depuis 2005, elle a lieu tous les deux ans et réunit plus de 1 000 volontaires à chaque édition. Ensemble, ils récupèrent entre 5 et 10 tonnes de déchets, sur les rives du lac, mais aussi dans ses eaux profondes. En 2013, l’ASL a également lancé une opération dont l’objectif est de dire « Halte aux renouées », des plantes envahissantes qui menacent la biodiversité locale. Les bénévoles procèdent à des arrachages plusieurs fois par saison, entre avril et octobre. Que ce soit dans le canton de Genève, du Valais, de Vaud ou en Haute-Savoie, on constate d’ores et déjà un repli de la renouée au profit des plantes indigènes.

Que fait l’association pour sensibiliser le public ?
La sensibilisation est un point clé des actions menées par l’ASL. Il est essentiel que le public prenne conscience des enjeux liés à la préservation du lac Léman. Nous animons des ateliers dans les écoles et organisons des camps d’été pour les enfants. Nous sensibilisons également le grand public lors de stands et manifestations, mais aussi lors de conférence, également en entreprise. L’ASL diffuse par ailleurs un magazine trimestriel baptisé « Lémaniques ». Et nous restons à l’écoute de tous ceux qui se sentent concernés par la santé du Léman et qui peuvent apporter des solutions. Ainsi, nous avons créé une application (téléchargeable sur netleman.app) qui permet à ses utilisateurs de participer à un projet de science de participative contre les déchets sauvages. Elle les aide à organiser leurs actions de nettoyage, individuelles ou à grande échelle, et à nous transmettre des informations relatives aux déchets ramassés. Ainsi, nous avons une meilleure connaissance de leur nature et de leur provenance, ce qui nous permettra de proposer des actions ciblées.

Après 40 ans d’actions menées par l’ASL, comment se porte le lac ?
Actuellement, le lac est convalescent. La question des phosphates est sous contrôle, mais il reste d’autres problèmes à gérer, comme les microplastiques, les conséquences du réchauffement climatique, l’apparition de nouvelles espèces envahissantes telles que la moule Quagga… C’est pourquoi l’ASL multiplie les initiatives, notamment pour informer le grand public de tous ces gestes utiles à la préservation de l’environnement : faire attention à la composition des produits que nous utilisons, prendre soin de son bateau pour qu’il pollue le moins possible, favoriser les produits réutilisables… et ne rien jeter dans la nature ! Actuellement, crise sanitaire oblige, nous retrouvons quantité de masques chirurgicaux dans le lac et sur ses rives. Or, il faut garder à l’esprit que cette eau, nous la consommons au quotidien. Il faut en prendre soin.

Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site de l’Association pour la sauvegarde du Léman