octobre 2023

Paul Ségur, administrateur de TROGER SA : « Le progrès ne doit surtout pas être réservé à une élite »

Le monde du travail vit une révolution consécutive aux électro-chocs des crises économiques et sanitaires, de la transformation numérique, de l’urgence environnementale et des normalisations qui en découlent, mais aussi du rééquilibrage entre activité professionnelle et vie privée, notamment du télétravail. Qu’en pense Paul Ségur, administrateur de Troger SA ?

Constatez-vous une évolution de votre secteur économique ?
Notre profession est confrontée à des incertitudes conjoncturelles à court et moyen terme. Ces incertitudes sont dues à l’appréciation des taux d’intérêt, ce qui a un impact direct sur la branche immobilière et conduit les investisseurs à reconsidérer, voire différer leurs projets. Notre pays est lui aussi perturbé par le contexte inflationniste mondial et l’augmentation brutale du prix de l’énergie. En conséquence de quoi, les maîtres d’ouvrage cherchent à préserver leur profitabilité, souvent au détriment des corps d’état.
De même, les normes environnementales fixées par la Confédération renchérissent les coûts d’exploitation et de la construction. Bien que le programme de standardisation énergétique du parc immobilier romand soit une opportunité pour nous, les hausses généralisées tentent certains acteurs à raviver une guerre des prix mortifère.

Quelles perspectives Troger SA offre-t-elle à ses employés ?
Nous accordons une grande importance à la promotion interne, du métier de terrain jusqu’au bureau d’étude. Dans cette optique, nous ouvrons chaque année des places d’apprentissage et finançons des formations et des cours de perfectionnement, y compris pour l’obtention du brevet fédéral.

Comment se concrétise votre politique de RSE ?
Outre l’encouragement à la formation continue, nous soutenons des initiatives vertueuses : le programme No Difference, vise, à travers le sport et l’art, à surmonter les défis du quotidien pour les personnes atteintes de divers handicaps. Nous sommes également engagés auprès de l’Association pour la Sauvegarde du Léman (ASL).
Au sein de l’entreprise, nous renforçons chaque année notre vigilance écologique. Nous basculons progressivement vers la propulsion hybride de nos véhicules, malgré certaines difficultés politiques liées aux places de recharge. Cette situation révèle la réalité du terrain : le temps nécessaire à la conception d’un projet environnemental et le temps requis pour sa mise en œuvre ne coïncident pas toujours.
Troger SA possède son propre magazine numérique. Nous y traitons de la thématique de l’eau, du stress hydrique, mais aussi des avancées dans le domaine. Notre lectorat s’accroît chaque année et nous tirons une certaine satisfaction d’avoir été les précurseurs d’une communication par l’information, dans notre secteur. Nous y valorisons également nos collaborateurs, dans le cadre d’interviews favorisant l’entre-connaissance de nos différents départements.

Pensez-vous pouvoir contribuer à l’optimisation de la consommation de l’eau, au plan régional ?
Notre politique d’entreprise se concentre résolument sur l’économie d’énergie, en particulier la gestion de l’eau chaude. Nous avons établi un partenariat avec les Services Industriels de Genève (SIG), pour installer des chauffe-eau à faible consommation d’énergie. Du point de vue environnemental, nous respectons scrupuleusement les normes en vigueur, et dirigeons nos clients vers les dispositifs permettant de rationaliser l’usage de l’eau.
Note département I’SEAU, spécialisé dans la gestion d’installations sanitaires complexes, propose des contrats d’entretien annuels axés sur la maintenance préventive et la performance continue des équipements sanitaires.
Nous apportons également notre soutien à Gjosa, une entreprise conceptrice de pommeaux de douche à faible consommation d’eau, basés sur la fragmentation des gouttelettes utilisée dans les moteurs de fusée et dans l’industrie médicale.

En qualité de chef d’entreprise, quelles sont vos aspirations et que ressentez-vous face à tous ces changements ?
Un tout nouvel univers a émergé : blockchain, intelligence artificielle, commerce électronique, cryptomonnaies. La question se pose de savoir si les entreprises et les citoyens pourront profiter de ces évolutions, qui ne s’avéreront peut-être pas toutes des progrès.
Chez Troger, nous accueillons avec enthousiasme les avancées susceptibles d’améliorer notre chaîne de valeur. Mais, sur le terrain, seuls la main et le talent des artisans permettent de monter, transformer et entretenir les installations sanitaires. Je m’intéresse personnellement à la technologie des exosquelettes, qui pourrait non seulement protéger les travailleurs, mais aussi les soulager dans la réalisation des tâches physiques exigeantes. Le progrès ne doit surtout pas être réservé à une élite.

Paul Ségur
Administrateur de TROGER SA