Guillaume Paturaux : « Le BIM, un prérequis ? Oui, mais pour quoi et pour qui ? »

Après un début de carrière en tant qu’installateur sanitaire, suivi d’une formation de projeteur en technique du bâtiment qui l’a amené en 2019 à la création de son propre bureau d’ingénieur sanitaire Patu Concept, Guillaume Paturaux a rejoint Troger en janvier 2024, avec pour mission de consolider et d’optimiser la structure du bureau technique. Un an après, nous recueillons son témoignage sur le développement de l’activité et sur sa vision de l’avenir du BIM.
En guise de préambule, pourriez-vous nous dire ce qui vous a motivé à rejoindre Troger ?
L’ambition d’évoluer dans une organisation d’envergure. Si je maîtrisais déjà la partie technique, la perspective de participer au management d’une entreprise de cette taille représentait un défi particulièrement motivant. J’ai saisi l’occasion de m’investir dans le programme de réformes et de croissance engagé par la Direction générale, et qui est effectif depuis le mois de janvier.
Quels ont été vos premiers objectifs à votre arrivée, et comment votre rôle a-t-il évolué ?
Mon objectif principal a été de mettre au service des collaborateurs de l’entreprise mes connaissances professionnelles et ma vision d’ingénieur dans le développement et le suivi des chantiers. En complémentarité avec mon bureau d’ingénieur, j’ai souhaité développer dans le bureau technique de l’entreprise la modélisation des installations sanitaires. Nous sommes heureux aujourd’hui de participer au développement BIM d’un projet de grande envergure pour une coopérative et de transmettre, sur d’autres affaires, des plans de révision modélisés.
Parallèlement à cela, je suis en charge de développer notre clientèle grâce à mon propre réseau de clientèle. La réorganisation de notre chaîne de valeur durant l’année 2024, qui a abouti au redimensionnement de l’entreprise sous la forme de départements autonomes, nécessite des ajustements auxquels je participe également avec un grand intérêt.
Abordons le sujet du BIM. Pourquoi Troger intègre-t-elle cette démarche et quels en sont les enjeux ?
Le BIM est aujourd’hui incontournable dans la construction en Suisse. Très souvent exigé par les maîtres d’ouvrage, il améliore de notre point de vue la qualité des plans, facilite l’anticipation des besoins en matériaux et apporte plus de clarté aux équipes sur le terrain. Son intégration reste toutefois contraignante en termes de formation et de rendement, ce qui nous pousse à en optimiser l’usage. Sur les grands dossiers, le BIM constitue un véritable atout pour détecter les incohérences entre les estimations initiales et la réalité du chantier, réduisant ainsi les surcoûts et les erreurs d’exécution.
En revanche, sur des ouvrages plus modestes, son utilisation s’avère chronophage sans bénéfice proportionnel. Il est donc essentiel de cibler les projets pour lesquels cette technologie apporte une réelle valeur ajoutée. Plutôt que de tout modéliser systématiquement, nous devons prioriser les éléments clés : grands réseaux, volumes principaux et points critiques pour la coordination.
Comment percevez-vous l’impact des nouvelles technologies et de l’intelligence artificielle sur votre métier ?
L’intelligence artificielle aura un rôle majeur, notamment dans les tâches administratives et le suivi de chantier. Des outils d’analyse automatisés permettront de générer des rapports, d’optimiser la gestion des ressources et d’améliorer la précision des modélisations.
Le travail manuel conservera néanmoins sa primauté. L’installation sanitaire relève d’un savoir-faire pratique qui ne pourra jamais être totalement automatisé. Les évolutions technologiques viendront en soutien, mais le savoir-faire manuel et la maîtrise du terrain resteront essentiels.
Si vous aviez une vision à cinq ans pour Troger, quelle serait-elle ?
Mon objectif est de contribuer à la croissance et à la stabilité de l’entreprise en renforçant nos compétences et en adaptant nos stratégies aux évolutions du marché. L’une de nos priorités est d’intégrer davantage la préfabrication afin d’améliorer à la fois l’efficacité et la qualité. Parallèlement, nous devons poursuivre le développement de notre expertise en BIM tout en garantissant une rentabilité optimale. Troger est et doit rester un acteur incontournable de l’installation sanitaire dans le canton de Genève, en s’appuyant à la fois sur son savoir-faire traditionnel et sur l’innovation technologique. Aujourd’hui, les enjeux des entreprises dépassent la guerre des prix ou la conquête de parts de marché. Nous devons composer avec des réglementations environnementales toujours plus exigeantes, une préférence croissante pour les solutions durables et l’évolution du rapport au travail des nouvelles générations de professionnels. Notre implication comme acteur responsable est une satisfaction de plus pour moi. Entreprise formatrice, il est de notre devoir de participer à la préparation d’une relève soucieuse de durabilité, mais aussi partie prenante de tout ce qui pourra améliorer la sécurité et la qualité du transport de l’eau et du gaz.