Claudio Alessi, l’alchimiste qui transforme la peur en bravoure

Figure du karaté suisse, expert en arts martiaux et co-fondateur du programme No Difference, Claudio Alessi consacre sa vie à l’intégration des personnes en situation de handicap par le sport. Sa philosophie, fondée sur la rigueur et la quête du sens profond de l’existence, rayonne bien au-delà des tatamis. Rencontre avec un homme pour qui l’intégration n’est pas une option, mais un devoir — celui de toute société digne de ce nom. Troger SA soutient avec conviction le programme No Difference, persuadée que la performance n’est pas un outil de domination « extérieure », mais un voyage intérieur à la conquête de soi-même. Dans cet entretien, Claudio nous accorde une conversation intimiste autour de ses motivations profondes.
Claudio, vous êtes un ancien athlète de haut niveau. Quel a été le déclencheur de cette reconversion dans l’univers social ?
Tout a commencé dans les années 2000, lorsqu’une personne en fauteuil roulant m’a demandé si je pouvais lui enseigner les arts martiaux. Ce jour-là, j’ai compris que les limites ne sont pas celles du corps, mais celles de notre regard. J’ai alors décidé de mettre mes compétences au service de ceux qu’on pense, à tort, “hors jeu”.
Vous avez ainsi créé le programme No Difference. Quelle est son ambition ?
No Difference s’adresse aux enfants, adolescents et adultes en situation de handicap – physique ou psychique – que nous accompagnons dans la pratique du sport, en particulier les arts martiaux, mais aussi la danse, la musique, le chant et les défis extrêmes. Ce que nous transmettons avant tout, c’est la conscience de leur valeur, de leur puissance intérieure. No Difference vise à leur redonner la liberté d’agir, d’interagir, de rêver.
En quoi votre approche est-elle différente ?
Elle est exigeante, parce que je crois profondément en la capacité de chacun. Nous avons formé une équipe d’experts qui abordent chaque élève comme un athlète à part entière. Certains retrouvent l’estime de soi, d’autres deviennent champions dans leur catégorie. Mais pour moi, la vraie victoire, c’est lorsqu’un jeune replié sur lui-même se remet à sourire, à regarder le monde, à croire en lui.
Vous parlez souvent de la peur. Pourquoi ?
Parce que c’est le premier adversaire, pour tous. La peur de tomber, d’être jugé, de ne pas y arriver. Et cela vaut pour les personnes valides comme pour celles en situation de handicap. Mon rôle, c’est de leur montrer que cette peur peut être transformée. En confiance. En force. En courage.
Claudio, vous êtes aussi un homme de rigueur. Comment conciliez-vous exigence et bienveillance ?
Par le respect. On ne tire personne vers le haut en le plaignant. Mon exigence est une marque de respect : je les traite comme des égaux.
Troger SA soutient aujourd’hui le programme No Difference. Que représente ce partenariat pour vous ?
Le monde de l’entreprise a un rôle essentiel à jouer dans l’intégration. Que Troger décide de soutenir notre action, ce n’est pas seulement un appui financier, c’est une reconnaissance, une communion de valeurs. La direction de cette entreprise, bien ancrée dans le canton, démontre que performance et responsabilité peuvent aller de pair. Et que l’excellence ne se mesure pas seulement en chiffres, mais aussi en engagements humains.
Que diriez-vous à une entreprise qui hésite à s’engager dans ce type de projet ?
Qu’il n’y a pas d’investissement plus humain, plus porteur de sens. Que ce qu’on donne à ces jeunes, on le reçoit au centuple : en énergie, en joie, en clarté. Et qu’on ne construit pas une société durable sans y inclure ceux qui ont trop longtemps été laissés à la marge. No Difference ce n’est pas un slogan. C’est une promesse. Une promesse tenue, chaque jour.